Luis Sepulveda, un grand homme de la littérature et de l'engagement.
Luis Sepulveda s'est éteint dernièrement, victime du coronavirus.
Lui survivent des ouvrages remarquables et le souvenir d'une personnalité hors du commun.
Né au Chili en 1949, il est emprisonné – alors étudiant, militant communiste et âgé de 20 ans - lors du coup d'état de Pinochet et voit sa longue peine commuée en exil après 2 année de geôle sous la dictature.
Puis, au cours de ses nombreux voyages, en Amérique du Sud, en Europe et partout où la lutte pour les hommes et la planète l'exige, Sepulveda s'est battu toute sa vie pour un monde meilleur et plus juste.
Présent sur plusieurs fronts, Sepulveda a été journaliste, il a sillonné les mers avec Greenpeace, il a travaillé pour le cinéma, il a participé à de grandes luttes sociales et bien sur a écrit des livres qui ont fait date, dont le célèbre Le vieux qui lisait des romans d'amour (Un viejo que leía novelas de amor)
Ce premier roman a une origine particulière, issue de l'expérience de Sepulveda du quotidien des indiens Shuars. En effet, en 1978 au cours d'un programme d’études pour l’Unesco, il a été amené à partager la vie de ce peuple pendant un an.
L’auteur chilien narre l’histoire d’Antonio José Bolivar. Singulier personnage, ce vieil homme va quitter la lecture de ses romans d'amour pour partir à la chasse d'une panthère, responsable de la mort d'un chasseur blanc, attribuée à tort aux Shuars.
Succès planétaire, ce roman a été adapté au cinéma en 2001 par Rolf de Heer (“The Old Man Who Read Love Stories”), avec Richard Dreyfuss dans le rôle principal.
De nombreux ouvrages ont suivi, romans, chroniques, nouvelles, essais :
depuis Le Monde du bout du monde (Métailié, 1993), Un Nom de torero (Métailié, 1994), Le Neveu d'Amérique (Métailié , 1996), Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre (Métailié, 1997), Journal d'un tueur sentimental (Métailié, 1998)Yacaré suivi de Hot Line (Métailié, 1999) Les Roses d'Atacama (Métailié , 2001). Les pires contes des frères Grim (Métailié , 2005) L'ombre de ce que nous avons été (Métailié , 2005)… et bien d’autres, jusqu’à La fin de l'histoire (Métailié , 2017)
Soulignons aussi ses livres pour la jeunesse – de 8 à 88 ans – à la dimension poétique, philosophique et instructive dans la collection Histoire de
Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler (Historia de una gaviota y del gato que le enseño a volar, 1996), le plus connu, il a donné lieu à un film d’animation et plusieurs adaptations théâtrales.
Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis (Métailié, 2013)
Histoire d'un escargot qui découvrit l'importance de la lenteur (Métailié, 2014)
Histoire d'un chien mapuche (Métailié, 2016)
Histoire d'une baleine blanche (Métailié, 2019)
Sepulveda est un conteur qui a mis son écriture au service de la nature et des autres.
Hommage d'Anne Marie Métailié (sa fidèle éditrice) à Luis Sepúlveda
"Luis Sepúlveda a succombé au Covid-19. L’auteur du "Vieux qui lisait des romans d’amour", son premier roman, avait été découvert en 1992 par les libraires français qui en avaient fait un succès tel qu’il avait été immédiatement traduit dans 52 pays. Puis il y avait eu "L’Histoire de la Mouette et du Chat qui lui apprit à voler", un autre très grand succès. Et 20 autres romans et essais.
Luis Sepúlveda était un formidable conteur d’histoires. Un écrivain majeur. Sa vie aventureuse dans l’Amérique latine des dictatures avait forgé son regard politique. Militant écologiste, il a su transmettre ses convictions à travers des œuvres inoubliables qui l’ont fait connaître et aimer dans le monde entier.
J’avais rencontré Luis Sepúlveda, alors inconnu, en avril 1992 et au long de ces 28 années de voyages, de galères et de succès, nous avons été des amis fraternels. De vrais amis."
Anne Marie Métailié
« Raconter, c’est résister », se plaisait-il à dire, en reprenant la devise de l’écrivain brésilien Joao Guimaraes Rosa.
Pour en savoir plus, à lire ci-dessous , un article très complet du Monde
Véronique