Depuis quelques mois, de nombreux romans écrits par des femmes et parlant des femmes sont parus.
Je me suis particulièrement intéressée à ces ouvrages, interpellée par l’actualité et par cette phrase lue dans le roman très autobiographique de Camille Laurens : Fille.
"Vous avez des enfants ? demande-t-on à son père. - Non, j'ai deux filles", répond-il
C’était dans les années 60, on pourrait en rireaujourd’hui et penser que les choses ont bien changé depuis et que la déception des pères à n’engendrer ‘que’ des filles n’est plus aussi douloureuse.
Et pourtant, l’égalité d’accueil du nouveau-né et de la nouvelle-née n’est pas devenue si évidente et naître fille, être fille, n’est pas encore si aisé.
Les sociologues creusent ce thème et s’en font l’écho par de nombreux ouvrages documentaires régulièrement publiés. Mais c’est par le prisme de la fiction que j’ai eu envie de regarder l’histoire évolutive au cours des dernières décennies et l’état actuel de la condition féminine, ici et ailleurs.
Ces auteures racontent, chacune avec son propre style, parfois à travers son histoire personnelle, souvent d’après le vécu de proches. Elles témoignent de la situation de femme, de fille, de sœur, de mère, au sein de la famille, dans la société.
Qu’elles soient trentenaires ou sexagénaires, que ce soit leur 1er roman ou un nouveau titre dans leur – plus ou moins longue - carrière de romancières, elles nous émeuvent et nous bousculent par ces évocations de femmes trop souvent malmenées.
En France, en Afrique, aux Etats-Unis, quel que soit son pays d’origine, sa famille ou son milieu, être fille n’est décidément pas un cadeau.
La plupart du temps, une fille on la méprise, on l’exploite, on en abuse.
Dans certaines cultures, on ne lui donne même pas toujours le droit à la vie.
Pour s’émanciper, pour ‘prendre’ son indépendance, la fille doit déployer une énergie incroyable, s’affranchir du père, du mari, du regard des autres.
Souvent, elle part, elle quitte, elle rompt pour être libre, pour mieux se trouver et renaître enfin en tant qu’individu, laissant le genre qui les opprime à ses idées trop étroites.
Car aujourd’hui la fille s’éloigne du modèle maternel. Bien sûr elle est différente mais elle se veut égale au garçon. Elle revendique le droit au choix, au désir, au plaisir, et la maternité n’est plus sa seule façon de s’épanouir. Même si enfanter reste un beau privilège lorsque c’est un acte volontaire et non imposé.
La singularité de ces parcours de vie met en relief l’universalité du statut de femme et sans en généraliser les propos, le constat demeure assez alarmant.
Ces romans ne sont pas des diatribes féministes, juste le reflet d’une réalité encore très ancrée dans notre monde actuel.
Car malgré les nombreuses avancées de la cause féminine, les temps à venir pour une véritable égalité et un respect total entre les sexes sont encore bien loin.
Lisez ces romans ! Ils nous offrent des mots qui dénoncent, des mots qui délivrent, des mots qui guérissent.
Et lorsque l’intelligence, la tendresse, la passion voire l’humour s’entremêlent à la beauté et à la justesse de ces mots, notre plaisir de lecteur.rice est infini
Véronique