Quelles nouvelles?

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Si la nouvelle est un genre d’écriture très prisé par les anglo-saxons, il reste boudé par la plupart des lecteurs français qui n’y voient souvent qu’un sous-genre du roman. Et pourtant quel plaisir à butiner ces histoires courtes, pleines de surprises, de talent, de fulgurance, qui permettent de découvrir sous un angle différent des auteurs plus ou moins connus.

Quelles soient douces ou violentes, ancrées dans un morne quotidien ou dans le fantasque le plus débridé, reflets de nos émotions ou découvertes de sentiments inexplorés, les nouvelles nous entrainent dans une réalité fugitive comme dans un monde imaginaire dense. Il est parfois frustrant d’arriver si vite à leur chute mais quel bonheur d’en savourer chaque phrase. Car le style de la nouvelle est bien particulier, il résulte d’un brillant savoir faire d’artisan de l’écrit.

« L’art du novelliste … fait la part belle à l’écrivain puisque ce qui importe est désormais moins l’histoire que la manière de la raconter » (Alain Montandon, L’Anecdote, 1991, Presses Univ. Blaise Pascal)

 

Lectures plus ou moins brèves - entre une dizaine et une cinquantaine de pages - n’hésitez pas à avoir toujours près de vous ce type d’ouvrage afin de passer un intense moment bien que parfois trop éphémère.

Voici quelques recueils, d’ici et d’ailleurs, écrits par des auteurs et dans des styles très différents, récents ou plus anciens, en espérant qu’ils vous donneront envie de découvrir ou redécouvrir le genre de la nouvelle.

A déguster sans modération !

 

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Là-haut vers le nord / Joseph Boyden

L’éditeur : Là-haut, vers le nord de l’Ontario, vivent des femmes et des hommes, indiens pour la plupart. Joseph Boyden évoque avec sensibilité leurs histoires singulières au parfum de légende : une jeune fille tombe amoureuse d’un loup ; un jeune homme prétend envers et contre tout être un ours … Ces nouvelles étonnantes de l’auteur du Chemin des âmes, mélange fascinant d’émotion, de violence et de poésie, dessinent les pleins et les déliés d’une communauté humaine.

Cet ouvrage est en effet plein d’émotions diverses et permet de découvrir une région attrayante à travers des personnages très ‘typés’, ancrés dans leur culture et leur marginalité. Et il donne terriblement envie de se lancer dans d’autres livres de Joseph Boyden.

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Bravo / Régis Jauffret (Seuil)

L’éditeur : Comment imaginer qu’on puisse marcher gaillardement vers la mort, « cet inévitable pays où l’on finit tous par aller se faire foutre », pour reprendre les mots de Régis Jauffret ?

Ce roman mosaïque est constitué de seize fictions. La vieillesse est le véritable héros du livre qu’incarnent des fous, des sages, des braves gens et des infâmes. Ces naufragés du grand âge, hantés par leur fin prochaine, s’avancent comme autant de doubles de nous-mêmes. Une prose rigoureuse, drôle, impitoyable, d’une gaieté macabre, aux phrases affûtées comme le fil d’un rasoir.

Si la vieillesse évoquée ici sans pudeur et avec l’humour parfois morbide de Régis Jauffret ne vous rebutent pas, plongez dans cet ouvrage dérangeant mais ô combien captivant.

 

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Un si beau parterre de pétunias / Annie Saumont (Julliard)

Le hasard des circonstances, apparemment insignifiant, a précipité la chute des antihéros de ce recueil de nouvelles mettant en scène des enfants mal-aimés, des couples adultères ou rongés par l'ennui, des délinquants en puissance…

Annie Saumont met sa superbe écriture au service d’histoires souvent très noires. De nombreux ouvrages et plusieurs prix confirment son statut de ‘reine’ de la nouvelle française.

« Je ne sais pas écrire de roman. Il faut entrer dans des explications, voire dans la psychologie, il faut échafauder toute une construction, cela ne me convient pas. Ce qui me plaît, c'est la nouvelle très courte. Pas de psychologie mais de l'observation, des situations, un dénouement parfois, pas toujours, je ne veux pas être l'auteur omniscient, je veux un lecteur actif. » Annie Saumont

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Pas exactement l’amour / Arnaud Cathrine (Verticales)

L’éditeur : Ce n’est pas l’amour. Pas encore. Ou presque trop. Ou plus tout à fait. Pourtant les personnages de ce livre se croient tous amoureux. Alors quoi ? Leurs histoires d’amour ne seraient-elles que des tentatives d’amour ?
Passant de l’humour à la gravité, de la confidence à l’outrage, de la pudeur à la sensualité résolue, Arnaud Cathrine revisite, au fil de dix nouvelles, un motif universel, fluctuant et insaisissable.

Prix de la nouvelle de l’Académie Française 2015

L’éternel sujet de l’amour est ici traité en forme courte et avec une originalité qui peut déranger. L’écriture d’Arnaud Cathrine ne laisse pas indifférent, dans le fond comme dans la forme.

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Autour du monde / Laurent Mauvignier (Minuit)

L’éditeur : Rencontrer une fille tatouée au Japon ; sauver la vie d’un homme sur un paquebot en mer du Nord ; nager avec les dauphins aux Bahamas ; faire l’amour à Moscou ; travailler à Dubaï ; chasser les lions en Tanzanie ; s’offrir une escapade amoureuse à Rome ; croiser des pirates dans le Golfe d’Aden ; tenter sa chance au casino en Slovénie ; se perdre dans la jungle de Thaïlande ; faire du stop jusqu’en Floride.

Le seul lien entre les personnages est l’événement vers lequel tous les regards convergent en mars 2011 : le tsunami au Japon, feuilleton médiatique donnant à tous le sentiment et l’illusion de partager le même monde.
Mais si tout se fond dans la vitesse de cette globalisation où nous sommes enchaînés les uns aux autres, si chacun peut partir très loin, il reste d’abord rivé à lui-même et à ses propres histoires, dans l’anonymat.

Fascinée par l’écriture et les personnages de Laurent Mauvignier dans ses romans précédents je me suis précipitée sur ce recueil de nouvelles. Déçue par les enchainements parfois surfaits, certaines histoires m’ont un peu dépitées, d’autres m’ont plus enthousiasmées … on en parle ?

 

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La beauté tôt vouée à se défaire / Ysunari Kawabata (Albin Michel)

Décédé en 1972, Kawabata est un des grands auteurs japonais qui permet de découvrir cette littérature si particulière. Obsédé par la quête du beau, par la solitude et la mort, il a souvent écrit des récits courts avec un dépouillement stylistique extrême qui surprend mais dans lequel il est bon de se perdre.

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« La beauté, tôt vouée à se défaire ne s'arrête pas à la simple histoire du meurtre de deux jeunes femmes pendant leur sommeil, cette nouvelle joue également un rôle explicatif pour les deux récits qui précèdent, concernant le travail du condamné à perpétuité qu'est l'écrivain et le thème de l'impossibilité d'une relation pure et belle à la réalité.


La beauté, tôt vouée à se défaire est une œuvre rigoureuse qui n'a pas du tout vieilli. Et je crois que si elle n'a pas vieilli, c'est sans doute à cause de la sérénité qui s'en dégage. Je me demande où l'auteur arrive à trouver cette tranquillité artistique. Il a vu la tristesse dans le coeur du criminel Saburo Yamabe, pour qui provoquer la mort, c'était flirter avec la vie, sans pour autant flirter lui-même avec la vie. C'est cette distance, que même une légère ivresse ne permet pas, qui l'a conduit aux Belles endormies et au Bras. » Yukio Mishima

passer lhiver

Passer l’hiver / Olivier Adam (L’Olivier)

L’éditeur : Ils sont sonnés, lessivés, cassés. Un souffle suffirait à les faire tomber. Chauffeur de taxi, infirmière, ex-taulard ou vendeuse dans une station-service, peu importe : ils restent invaincus.

Olivier Adam s’impose d’emblée comme un nouvelliste hors pair avec ce recueil qui a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle en 2004

Avec "Passer l’hiver", Olivier Adam signe son premier recueil de nouvelles. Neuf textes donc, qui disent ce qu’est la nuit, aussi bien dans les cœurs que dans les corps et dans les âmes. Chaque nouvelle a en effet une unité de temps: un soir, une nuit entière. L’heure à laquelle tout bascule.


On pourrait d’ailleurs dire que l’originalité de ce recueil – outre le ton que les fans d’Olivier Adam auront plaisir à retrouver –, tient à ce qu’il est conçu comme une œuvre tragique et théâtrale. Car, en plus de l’unité de temps, les nouvelles répètent la même scène dramatique : un homme et une femme qui ont été, ou sont encore, unis par le mariage, qui ont des enfants, vivent, revivent ou anticipent leur séparation. Si l’amour existe parfois, c’est par la rencontre subite des chairs, le temps d’une jouissance. Au-delà, ne se profile que la chute.


Assurément, "Passer l’hiver" n’est pas un livre gai. Mais faut-il qu’un livre le soit? N’est-il pas bon de se confronter à l’hiver pour aller vers d’autres saisons? Ne faut-il pas traverser la nuit pour atteindre la lumière? Après ce recueil, on en est convaincu. –Critique d’Isabelle Magnien

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Un membre permanent de la famille / Russell Banks (Actes Sud)

L’éditeur :Douze nouvelles placées sous le signe d’une sobriété stylistique digne de Raymond Carver au fil desquelles des couples divorcent, des femmes noires sont traquées par des pit-bulls sur des parkings, où la liste des courses à effectuer au supermarché finit par se confondre avec un programme de vie, où des mythomanes prennent leurs semblables en otage, où la mort frappe les hommes comme les animaux, où l’on écoute battre sous la poitrine d’un autre le cœur transplanté d’un amour décédé. Au sommet de son art et avec une superbe économie de moyens, Russell Banks propose ici un recueil de textes dont l’intensité transmue le réel et le quotidien en authentiques paraboles métaphysiques.

Russell Banks est un des grands auteurs américains actuels, il nous embarque avec un talent singulier dans l’Amérique profonde aux côtés de personnages souvent ordinaires mais magnifiés par son écriture. Si vous appréciez ces nouvelles, n’hésitez pas à découvrir ses romans, toujours percutants !

 

Véronique