L'histoire est classique : un buveur désintoxiqué après des années d'absolue sobriété s'autorise soudain un petit verre. Juste un petit verre. Et replonge. A fond. Il suffit en effet d’un enchaînement de hasards pour que Simon Nardis, spécialiste du chauffage industriel, homme rangé, vieillissant, se remette à la vodka... et au jazz, sentant l’appel au fond de lui d’ « une minable petite envie de vivre ». Jazz et vodka, il avait pourtant abandonné l’un comme l’autre dix ans avant : c’est même pour sauver sa vie qu’il en avait changé grâce au soutien de sa femme.
Je ne m’attendais pas à aimer ce roman, avec ses petites phrases sèches et son manque assumé de lyrisme. Et pourtant l’impartialité du style souligne l’arbitraire du hasard. « C’est comme ça », ce qui m’a agréablement dérangée à mesure qu’arrivaient les questions, tout en finesse et en non-dits.
A quoi tient-il qu’une vie bascule ? Peut-on échapper à qui on est ? Quel est le prix de l’art ? Où est le bien ? Et est-ce que tout se paie ? Qu’est-ce qu’un bon choix ? Et moi, est-ce que j’aimerais que cela m’arrive ? Ou surtout pas ? Bref ça va loin, et l’air de rien. De quoi finir par une vodka !
Bérénice Targaryen