Il est des hommes qui se perdront toujours, Rebecca Lighieri
L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée.
On retrouve dans ce roman les thématiques chères à Rebecca Lighieri (aka Emmanuelle Bayamack-Tam) : l’enfance malmenée, les relations familiales toxiques et maltraitantes, les faiblesses physiques et mentales, la pauvreté, les violences de toute sorte… mais aussi la force de la communauté, la débrouille, la soif de liberté, la résilience.
Dans un quartier de Marseille, des années 80 aux années 2000, on suit la famille –dysfonctionnelle- de Karel : toxicomanie, père violent, bête et cruel, mère anesthésiée et complice. La fratrie composée d’Hendricka, de Mohand et de Karel essaie de pousser tant bien que mal, fuyant la maison dès que possible et se trouvant une famille d’adoption du côté des gitans sédentarisés qui leur offrent l’amour et le goût de vivre, inexistants chez eux.
Il ne s’agit pas ici d’un petit roman léger à déguster sur la plage, certes. En revanche, c’est une magnifique plongée à la fois musicale et sociale dans le Marseille de la fin du XXème siècle. Les personnages sont attachants pour certains, et l’intrigue sert de fil rouge à une histoire qui aurait pu sembler tristement banale, mais qui s’avère moins manichéenne qu’attendu.
Audrey