Augustine aime le piano, la danse et le silence du CDI. Elle n'aime pas les salsifis, les haricots beurre, les "mous-loukoums" et les filles qui parlent constamment de "doudounes". En plus d'avoir douze ans et demi (ce qui n'est pas rien), Augustine voit des mots partout, des mots tout le temps. Des mots qui jusque dans son sommeil l'enquiquinent, qui fond des vrilles des bonds des rimes. Si au moins ça pouvait l'aider à écrire sa rédaction pour demain. Mais non, rien. Ce soir, dimanche, les mots lui manquent, elle a le syndrome de la page blanche. Boule au ventre, petit vélo, insomnie ; elle a beau se creuser le ciboulot, consulter son dico, c'est le vide intersidérale sur sa copie. Alors cette nuit, au fond de son lit, Augustine se demande si tout ça est bien normal, si elle ne souffrirait pas d'une sorte de maladie.
On aurait tort de croire que la littérature jeunesse ne s'adresse qu'aux enfants. Si elle est là pour guider, rassurer et accompagner l'enfant dans son cheminement, elle est aussi là pour rappeler aux adultes qu'ils ont eux aussi été enfants, et que ce qu'ils ne comprennent plus aujourd'hui était leur quotidien autrefois. "Augustine" m'a fait cet effet-là: une plongée dans mon enfance, et un regard plus lucide et apaisé sur les enfants d'aujourd'hui.
L.