Dans la lignée des grands récits alpins, le duo d'auteurs imagine une histoire qui n'aurait pas pu naître ailleurs. Échappant aux fascistes, un « assassin » blessé est recueilli et soigné par un berger, dans l'attente de pouvoir passer la frontière par les sommets. Forcés de cohabiter, les deux hommes dialoguent en voix off, spectateurs de la majesté de la nature qui se déploie devant eux, pour n'apparaître au lecteur qu'en toute fin d'ouvrage. Le romanesque explose à chaque page de ce texte à l'âpreté philosophique, construit autour d'une situation historique faisant inévitablement écho à l'actualité...
"Dès que j'irai un peu mieux, tu me feras passer la montagne. ? Je ne sais pas. Je vais y réfléchir. ? Ce n'était pas une question. ? Pour moi, c'en est une". Le berger but un peu du lait de ses brebis à même le pot à traire. Puis il tendit le pot à l'assassin. "Qui que tu sois, la montagne est plus dangereuse que toi".
Un énorme coup de cœur pour ce roman illustré. Le titre aurait pu en être Le berger, l’assassin et la montagne tant elle est présente. Un assassin, poursuivit par des fascistes demande à un berger de lui faire traverser la montagne pour leur échapper et se réfugier sur l'autre versant. Le grand format magnifie les illustrations et la narration, souvent au style direct, happe le lecteur.
Véronique