Romance tragique dans l’univers du réalisme à la Balzac, un peu comme dans Amour, gloire et beauté.
Pourquoi avais-je gardé un souvenir pas désagréable de la Duchesse de Langeais ? Surtout parce que ce n’était pas long ? Je doute d’avoir saisi à l’époque la vraie portée de l’histoire (un homme retrouve son amour perdu, okay...)
Je suis sidérée en le relisant par les accents romantiques et désespérés de ce texte. Il y a tout Balzac, son cynisme, sa cruauté, mais sans les descriptions pesantes où s’embourbe dans mon souvenir de lycée l’écriture réaliste de ce grand bavard (pardon pour les fans). Pour une fois il a su rester sobre et réserver ses gros effets de manche aux passages où ils servent efficacement l’émotion ou le plaisir… la description voluptueuse de la Duchesse dans son boudoir par exemple (parce que sinon, trois pages sur la description d’une commode, à l’époque des sms, ça reste moins efficace qu’une photo).
Le pitch. Si c’était un film, cela commencerait dans le noir, par une voix de femme, ou avec un gros plan sur un visage d’homme bouleversé. Il ne peut voir qui chante, elle est devenue une de ces nonnes anonymes dont la vue est réservée au Seigneur, mais qui, une fois l’an, chantent voilées pour un concert exceptionnel. Et cette femme, c’est Elle, il en est persuadé. Elle, qui ça elle ? Mais la Duchesse de Langeais ! Son grand amour perdu !
En lisant la suite du roman vous découvrez comment cette mondaine, « coquette » comme l’on disait (c’est à dire une allumeuse finie), a joué de sa beauté et de son pouvoir avec le coeur d’un homme sincère et entier. Comment elle est allée trop loin. Comment le jeu s’est retourné contre elle. Comment pourtant tout a failli bien se finir. Et quelle fut la dernière irrémédiable erreur...
Amour, haine, domination, naïveté, orgueil, : tels sont les jeux de force décrits par Balzac comme l’essence de la séduction. Que ce soit clair, ils mènent tous à la déception. Balzac n’est pas un tendre.
Vous pouvez écouter le "film radiophonique" de Jean Giraudoux, diffusé la 1ère fois en 1950
Vous pouvez aussi télécharger le livre numérique librement et gratuitement
Bérénice