Relis tes classiques

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Nous nous engageons ici à vous donner envie de lire ou relire des classiques de la littérature, qu'on aurait tort d'oublier sur les étagères car ils ont encore quelque chose à nous dire.

« Voici l’histoire de Danny, des amis de Danny et de la maison de Danny. » : ainsi débute ce roman plein d’humour de Steinbeck.

Sur les hauteurs de Monterey – Californie – se trouve le quartier populaire de Tortilla Flat (bien qu’il n’ait rien de plat) où vivent les paisanos.

« Qu'est-ce qu'un paisano ? » selon l'auteur « c'est un mélange de sangs espagnol, indien, mexicain, avec des assortiments caucasiens... Il parle anglais avec un accent paisano, et espagnol avec un accent paisano »

 

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C’est donc à Tortilla Flat que se trouve la maison dont Danny, un paisano, a hérité à son retour de la guerre et celle-ci va devenir lieu de passage et d’asile pour  Pilon, Pablo, Jesus-Maria, Pirate et ses chiens ainsi que quelques autres personnages hauts en couleurs.

Ces joyeux lurons passent leur existence à acquérir, se faire offrir ou voler  quelques gallons d’alcool (qu’ils boivent dans des boites à confiture), à échanger des ragots, à philosopher, à se bagarrer, à s’aider, à séduire.

Chaque titre de chapitre évoque le contenu de la chronique désopilante de Danny et ses amis qui nous entraînent dans leur quotidien loufoque et touchant.

 

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C’est joyeux, c’est impertinent, c’est jubilatoire !

Même si en filigrane, la misère, la mort, le mépris ou l’injustice sont parfois présents, on est bien loin des autres romans de John Steinbeck, à découvrir ou à relire également.

Ce roman publié en 1935 a valu à Steinbeck son 1er prix littéraire.

 

Véronique

 

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Je viens de relire Persuasion. Persuasion, c’est l’histoire d’Anne, 28 ans, jeune femme effacée, fille cadette de Sir Elliot, un baronnet vaniteux et sot. Parce que son père a dilapidé sa fortune, la famille est obligée de louer son domaine familial pour partir s’installer dans une plus modeste demeure. C’est l’amiral Croft qui s’installe alors à Kellynch avec son épouse. Celle-ci n’est autre que la sœur de Frederick Wentworth, qu’Anne a failli épouser quelques années plus tôt…

 

Au-delà de l’histoire d’amour, Persuasion est une œuvre ironique et piquante, la dernière rédigée par Jane Austen. Nous sommes immergés dans cette société faite de codes et de rangs, que Jane Austen critique allègrement en tournant en ridicule la plupart des personnages du récit, comme elle sait si bien le faire. Vous trouvez que votre famille ne vous considère pas en tant que tel(le), comme dirait Perceval ? Attendez de rencontrer la famille d’Anne… Parce que, entre son père qui la considère comme une moins que rien, sa soeur aînée qui la regarde de haut et sa jeune soeur hypocondriaque qui l’utilise, elle n’est pas forcément aidée... Si Anne n’a pas la répartie d’une Lizzie (Orgueil et Préjugés) ou la flamme d’une Marianne (Raison et Sentiments), elle est pour moi l’héroïne la plus attachante de Jane Austen, et Persuasion en est mon roman préféré..

 

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Le livre est dans le domaine public, librement téléchargeable en ebook ou en audio.

Il a également été adapté quatre fois par ITV ou la BBC. Les versions 1995 et 2007 sont très réussies. La Médiathèque possède la seconde, ainsi, bien sûr, que le roman.

Pour en savoir + sur Jane Austen, consultez notre dossier thématique qui lui est consacré ou vous pouvez aussi écouter cette série de podcast (la compagnie des auteurs) :

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Elise

 

 

Vivien Leigh Anna Karenina

 

Sur deux années (de 1874 à 1876), Tolstoï raconte la vie et la passion amoureuse d'une femme au coeur d'une société russe aristocratique.

Anna Karénine est belle et irrésistible. Elle vit à Saint Petersbourg avec son mari et son fils et elle s'éprend d'un jeune officier qu'elle a croisé par hasard dans le train qui relie Saint Petersbourg à Moscou. L'auteur excelle dans les descriptions de ses manières de se présenter au monde et de ses tourments.

 

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Une impressionnante galerie de personnages qui fourmillent autour d'elle sont tous peints avec précision et au plus proche de leur caractère respectif.

La maîtrise du détail s'applique aussi aux évocations de la vie rurale (les parties de chasse ou les foins) et des intempéries (chutes de neige et orage). Et puis il y a ces scènes dramatiques de maladie, de naissances et de trépas qui sont rapportées avec un réalisme époustouflant.

 

Lire Anna Karénine, c'est vivre avec elle. Il est très difficile d'arriver à la fin du roman et de la quitter. L'écriture minutieuse, juste et qui prend le temps de décrire la banalité du quotidien est une pure merveille.

Envie d'être plongée au coeur d'un monument de la littérature pendant cette période de confinement.

 

Pascale

 

Edition lue : Anna Karénine / Léon Tolstoï / traduit par Sylvie Luneau  / GF Flammarion, 1988

 

Pour aller plus loin :

 

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Marcovaldo ou Les saisons en ville

Lu une première fois au début des années 80 - oui, au siècle dernier, j'étais alors une toute jeune femme - ce roman burlesque m'avait laissé un souvenir d'humour  et de quiétude. 

Sa relecture en temps de confinement - et avec le recul de l'âge - a ravivé ces sensations, ajoutant encore plus d'empathie envers ce cousin italien de Charlot, et empreintes d'une touche de nostalgie. 

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Cette chronique saisonnière sur cinq années nous raconte la réalité quotidienne de Marcovaldo. Ce pauvre manœuvre en charge d’une femme acariâtre et de nombreux enfants fait un travail répétitif et mal rémunéré qui lui permet à peine de nourrir sa famille.   

La vie citadine lui pèse, alors il cherche au cœur de cette cité industrielle les espaces verts et les végétaux qui lui rappellent la campagne d'où il vient. Et parfois, malgré ses déboires, il s'évade dans des fugues bucoliques ou par le rêve.

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Ce pourrait être banal, tristement monotone mais ce contemplatif naïf entraîne le lecteur dans d’improbables histoires qui ravissent par leur drôlerie pathétique et leur chute souvent inattendue. 

Surtout connu pour sa trilogie Nos ancêtres dont le célèbre Baron perché, conte fantastique, vision allégorique de la condition humaine, Italo Calvino nous régale ici avec un ouvrage différent et moins connu, publié en Italie en 1963. 

Surtout n'hésitez pas à le (re)découvrir !

 

Véronique

 Italo Calvino

 « Dans l’art de Calvino et dans ce qui transparaît de l’homme en ce qu’il écrit, il y a – employons le mot ancien, c’est un mot du XVIIIe siècle – une sensibilité. On pourrait dire aussi une humanité, je dirais presque une bonté, si le mot n’était pas trop lourd à porter : c’est-à-dire qu’il y a, à tout instant, dans les notations, une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. » 

— Roland Barthes

 

 

"Alors qu'il rend visite à son ami peintre Basil Hallward, Lord Henry rencontre le jeune Dorian Gray. Fasciné par sa jeunesse, sa beauté et sa naïveté, il se lie rapidement d'amitié avec lui. En plaisantant, il dit qu'une fois le portrait terminé, seul celui-ci gardera à jamais cette beauté tandis que Dorian vieillira peu à peu. Le jeune homme se déclare alors prêt à donner son âme pour que le portrait vieillisse à sa place. Celui-ci devient alors le miroir de son immoralité : alors qu'il commet son premier acte de cruauté, un pli cruel apparaît sur la bouche peinte. Perverti par Lord Henry, Dorian enchaîne les méfaits en conservant la beauté du diable tandis que son portrait s'avilit. Effrayé par le portrait, il le cache chez lui, protégé de la vue de tous, cachant honteusement le secret de son âme..."

 

 

Tout le monde connaît le fascinant roman d'Oscar Wilde. Sous l'histoire fantastique de ce portrait qui vieillit à la place de, il y a toute la vie de son auteur. D’abord la création artistique avec Dorian, œuvre d’art à part entière, ne s’altérant pas au fil du temps. Il y a le dandysme, pratiqué en maître par Wilde, et dont hérite Dorian. Il y a des répliques du controversé Lord Henry (que pourrait prononcer Wilde lui-même). Et puis il y a les allusions à l’homosexualité : alors que Wilde a tenté de cacher la sienne toute sa vie, Dorian, lui, dissimule son immoralité. Bref, le roman est un reflet de la double vie de Wilde. Cela rend cette histoire très actuelle encore plus captivante...

 

 

Le roman est dans le domaine public. Il est librement téléchargeable en version numérique :

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Vous pouvez également l’écouter :

livre audio dorian

 

 

 

 

Il y a eu de nombreuses adaptations cinématographiques du roman, pas sensationnelles. Par contre, vous pouvez retrouver le personnage de Dorian Gray dans les trois saisons de la série Penny Dreadful par ailleurs disponibles à la Médiathèque.

 

Et, bien sûr, vous (re)plonger dans le roman

 

Elise

 

Bonus :

 

 

Romance tragique dans l’univers du réalisme à la Balzac, un peu comme dans Amour, gloire et beauté.

Pourquoi avais-je gardé un souvenir pas désagréable de la Duchesse de Langeais ? Surtout parce que ce n’était pas long ? Je doute d’avoir saisi à l’époque la vraie portée de l’histoire (un homme retrouve son amour perdu, okay...) 

 

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Je suis sidérée en le relisant par les accents romantiques et désespérés de ce texte. Il y a tout Balzac, son cynisme, sa cruauté, mais sans les descriptions pesantes où s’embourbe dans mon souvenir de lycée l’écriture  réaliste  de ce grand bavard (pardon pour les fans). Pour une fois il a su rester sobre et réserver ses gros effets de manche aux passages où ils servent efficacement l’émotion ou le plaisir… la description voluptueuse de la Duchesse dans son boudoir par exemple  (parce que sinon, trois pages sur la description d’une commode, à l’époque des sms, ça reste moins efficace qu’une photo).  

 

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Le pitch. Si c’était un film, cela commencerait dans le noir, par une voix de femme, ou avec un gros plan sur un visage d’homme bouleversé. Il ne peut voir qui chante, elle est devenue une de ces nonnes anonymes dont la vue est réservée au Seigneur, mais qui, une fois l’an, chantent voilées pour un concert exceptionnel. Et cette femme, c’est Elle, il en est persuadé. Elle, qui ça elle ? Mais la Duchesse de Langeais ! Son grand amour perdu ! 

 

En lisant la suite du roman vous découvrez comment cette mondaine, « coquette »  comme l’on disait (c’est à dire une allumeuse finie), a joué de sa beauté  et de son pouvoir avec le coeur d’un homme sincère et entier. Comment elle est allée trop loin. Comment le jeu s’est retourné contre elle. Comment pourtant tout a failli bien se finir. Et quelle fut la dernière irrémédiable erreur...

Amour, haine, domination, naïveté, orgueil,  : tels sont les jeux de force décrits par Balzac comme l’essence de la séduction. Que ce soit clair, ils mènent tous à la déception. Balzac n’est pas un tendre.

 

Vous pouvez écouter le "film radiophonique" de Jean Giraudoux, diffusé la 1ère fois en 1950

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 Vous pouvez aussi télécharger le livre numérique librement et gratuitement      

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Bérénice

 

Effet secondaire du confinement, j’ai eu envie de relire Madame Bovary de Gustave Flaubert paru en 1857. J’avais un vague souvenir de ce texte, lu ou plutôt parcouru au lycée, sans conviction à l’époque. Depuis, ce titre revient régulièrement à mes oreilles. Il s’agit certainement d’une des œuvres les plus connus de Flaubert avec le style romantique-réaliste dans toute sa splendeur, le terme « bovarysme » est même entré dans la langue française.

J’avais aussi souvenir du scandale et du procès qui ont suivi sa publication, il est toujours curieux d’examiner ce qui pouvait choquer les bonnes mœurs de l’époque. Ce procès pour apologie de l’adultère et « excès de réalisme » assurera, comme souvent, le succès de l’ouvrage et la renommée de l’auteur.

 

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Emma Bovary est une bourgeoise de province, mariée à un petit médecin placide et insignifiant, et elle s’ennuie ferme dans la vie. Un ennui mélancolique, profond, dangereux. Emma rêve de passion et de fastes mondains mais sa vie ne lui apporte que routine, sécurité et frustration.

Ni la décoration intérieure ni l’arrivée de sa fille, ne comblent sa tristesse. Elle tente de revivre les passions décrites dans les romans (une lecture sulfureuse pour l’époque), elle prend des amants, dilapide l’argent du ménage, mais ses rêves s’intoxiquent lentement, sûrement, jusqu’au point de non retour.

 

Flaubert a déclaré «Je suis Emma Bovary » tant il fait corps avec son personnage et donne à voir la condition des femmes de l’époque. Emma Bovary, peut rêver, elle ne sera jamais libre d’accomplir ses désirs. Derrière la naïveté parfois agaçante du personnage, Flaubert distille progressivement ses doses d’arsenic pour plonger le lecteur dans les errances tragiques d’Emma et toucher de près son désespoir. Le style est simple, les phrases efficaces, loin des lectures parfois exigeantes qui caractérisent les « classiques ».

 

Je vous conseille l’écoute du livre audio sur le site de France Culture, les voix sont agréables et les bruitages soignés

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Vous pouvez aussi télécharger le livre numérique librement et gratuitement      

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Christelle