Ce billet s'adresse aux parents qui disent à leurs enfants « prends des livres... et pas que des bd, hein ! ».
Lecture
Pas très amatrice de bandes dessinées, il m'arrive pourtant occasionnellement d'avoir un grand coup de cœur pour un titre en particulier et là, ce fut carrément le choc !
3 personnages en quête de tendresse et de reconnaissance se croisent au cours de ces albums émouvants et magnifiquement illustrés.
Vincent, coiffeur, célibataire, terne trentenaire est doté d'une mère castratrice – totalement déjantée – qui l'empêche de vivre et d'aimer. Lorsqu'il croise pour la première fois Rosalie Blum, il a « Une impression de déjà-vu » et il se met alors à la suivre. La filature de cette femme devient vite obsessionnelle. Intervient, dans le second tome, un nouveau personnage sous les traits d'Aude, la nièce de Rosalie. Elle traine son ennui en compagnie de ses copines et d'un « kolocataire » cocasse, bonhomme épris de cirque et aux multiples idées baroques. Vincent va devenir le 'suiveur suivi', dans un jeu de chat et de la souris. Puis dans le troisième opus, toutes ces solitudes dissemblables se rejoignent, s'accordent et se complètent.
Avec des personnages secondaires agaçants ou charmants mais souvent très drôles, des situations d'un quotidien sans saveur qui virent parfois au grand guignol et un dessin vif et riche, Camille Jourdy, l'auteur de cette trilogie nous ravit.
Véronique
PS : à noter que Camille Jourdy a obtenu le prix Shériff d'or 2009, décerné par la librairie Esprit Bd, à Clermont-Ferrand
Barnabé vit paisiblement dans la montagne, et il peut s'adonner à des expérimentations en tout genre. Accompagné de son ami lapin, il livre les secrets de son implacable logique et de sa capacité de raisonnement.
Lucius Modestus, un architecte romain de l’Antiquité́ boudé par la profession décide d’aller se détendre aux thermes. Alors qu'il s'immerge dans l'eau, il se retrouve aussitôt transporté dans le temps et l'espace, atterrissant dans un bain public du Japon contemporain. Ces étranges voyages lui permettent de s'inspirer des inventions japonaises et des techniques modernes pour briller à Rome et s'attirer, malgré lui, les faveurs de l'empereur Hadrien...
Thermae Romae, de Mari Yamazaki
Mari Yamazaki a été consacrée, pour le premier tome de Thermae Romae, par deux prix très prestigieux : Le Grand Prix du Manga (Manga Taisho), et Le Prix Osamu Tezuka. La série comporte 6 tomes et a été adaptée en série animée.
En 1949 aux États-Unis, Kevin Yamagata, né en Californie en 1920 de parents japonais immigrés, est un dessinateur de comics dont la série phare, Billy Bat, remporte un grand succès.
Pascal est un insecte, mais personne ne le sait, car dans la ville où il vit avec sa famille, la nuit est omniprésente.
Deux fiers bretteurs - l'un loup, l'autre renard - découvrent, grâce à une carte cachée dans une bouteille, l'existence du fabuleux trésor des îles Tangerines. De geôles en galères, nos deux gentilshommes s'embarquent pour une incroyable aventure avec pour compagnon le terrible Eusèbe, lapin de son état...
Pieterjan, un artiste en manque d'inspiration, accepte l'invitation de la première Biennale d'art de Beerpoele au beau milieu de la campagne flamande. Mais bien vite, il découvre qu'en fait de résidences d'artistes, il s'agit d'une grande kermesse improvisée par Kristof, le gentil organisateur aux mains de géant...
De cet auteur belge de 26 ans seulement, nous avions déjà parlé lors de la parution des « Noceurs », chez Actes Sud Bd, il y a deux ans. Son style à l'aquarelle si personnel nous avait déjà bluffé.
L'action n'était pas facile à résumer, ici non plus. Une galerie de personnages évolue, avec un personnage clé, acteur et témoin –qui sert de révélateur- que l'on perd et retrouve parmi une foule de protagonistes. Ces personnages fantomatiques, décalés, presque translucides, sont paradoxalement d'une profonde humanité. L'auteur décrit ces artistes sans réel talent, maladroits, en marge, avec un grand respect.
Ce roman graphique n'est pas comme les autres : là où une multitude d'auteurs de bd se frottent à l'autofiction, en tombant souvent dans le piège de l'insignifiance du quotidien, Brecht Evens met une communauté en mouvement, observe les rapports humains avec une acuité fine et transcende le genre grâce à une esthétique singulière.
L'auteur invente des procédés graphiques qui permettent de mêler des conversations, sans bulle, sans case, simplement grâce à un jeu de formes et de couleurs. Ces procédés ne sont pas qu'une astuce de dessinateur, c'est une figure esthétique en soi, qui permet la compréhension, les nuances et développe la subtilité du récit comme la pluralité des émotions.
Les pleines pages sont magnifiques, complexes dans leur construction, simples dans leur appréhension : on reconnaît la technique des grands lorsqu'elle est cachée.
Il est essentiel, je pense, si l'on s'intéresse quelque peu au 9ème art (ou à l'art tout court), de prendre le temps d'au moins feuilleter quelques pages de cet ouvrage. Car l'on tient manifestement quelque chose de nouveau dans ses mains, et les yeux et le cœur ne s'y trompent pas.
Olivier
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