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A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le jeune officier Philip Bowman rentre à New York et se fait embaucher dans une maison d'édition. Ce roman retrace quarante années de la vie de cet homme qui devient directeur littéraire, fréquente l'intelligentsia new-yorkaise et multiplie les relations amoureuses. Il déploie également le spectre de toute une génération, dans sa gloire et dans ses échecs.
Sur les conseils des critiques littéraires de l’émission radiophonique « Le masque et la plume » (le dimanche soir sur France Inter), je me suis plongé dans la lecture du dernier roman de l’écrivain américain James Salter. Je précise que je n’avais jamais rien lu de lui auparavant. J’en avais simplement l’image d’un écrivain de l’âge d’or de la littérature américaine, au sens où l’on parle de celui d’Hollywood, c’est-à-dire un âge de grands auteurs qui évoquent avec un style classique et avec brio l’époque dans laquelle ils vivent. Des auteurs qui éclairent le temps, les mœurs, qui construisent des récits denses et ambitieux, qui décryptent les sentiments du monde mieux que n’importe quel essayiste, si talentueux soit-il.
James Salter fait partie de ces auteurs, assurément. Le style pourrait paraître désuet, il s’approche en fait d’une certaine perfection, tant on ne décèle jamais les fils qui tiennent le récit. Les rouages de la machine ne sont jamais apparents, elle glisse de manière fluide. L’auteur passe d’un personnage à l’autre avec une facilité déconcertante, et l’on découvre cette galerie avec plaisir, car cette suite n’a rien d’une accumulation. Quelques mots tracent les caractères, chacun existe en quelques mots. On perçoit leur passé, leur gloire, leurs failles et leurs rêves déchus. La fresque s’en nourrit et prend de l’épaisseur à chaque page, dans une grande cohérence.
J’en viens maintenant à me demander pourquoi j’ai employé plus haut le terme de désuet, même si c’était pour le contredire : cet écrivain de 89 ans nous fait vivre chaque moment, chaque dialogue, chaque relation sexuelle des personnages avec la force et la verdeur d’un jeune premier.
Une oeuvre admirable.
Olivier