terreur

 

Voilà un petit moment que je l'ai lu, et je me rends compte que je ne peux pas ne pas en parler !

Au milieu du XIXe siècle, le HMS Erebus et le HMS Terror, de la Royal Navy, quittent l'Angleterre sous les vivats de la foule. A son bord, 129 hommes d'équipage menés par le vétéran de l'exploration polaire, l'orgueilleux Sir John Franklin, obsédé à l'idée de percer enfin le mythique passage du Nord-Ouest. C'est lui qui assurera à l'Empire britannique la domination totale des mers. Mais l'entreprise, mal préparée, et victime d'un Franklin trop pressé, tourne vite au désastre : les navires se retrouvent prisonniers des glaces. Et une créature mystérieuse rode autour des hommes...

J'ai lu ce roman suite au visionnage de son extraordinaire adaptation en série (avec Jared Harris et Ciaran Hinds), The Terror -que j'ai adorée-, et dont voici la bande annonce :


Le roman de Dan Simmons est inspiré de l'histoire vraie de l'expédition Franklin, disparue à l'été 1845. Les personnages dans leur totalité sont authentiques. Il s'agit avant toute chose d'un roman historique. Le récit de l'auteur est extrêmement précis et réaliste. La consultation de sites Internet consacrés à la désastreuse expédition Franklin nous indique à quel point il a enquêté minutieusement pour produire une oeuvre respectueuse de l'histoire, tout en mêlant à son récit d'un élément fantastique, qu'incarne la créature...

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Dans le paysage désolé de l'Arctique, la situation se dégrade. Les morts se succèdent et les marins sombres peu à peu dans la folie. Inéluctablement. Seuls quelques personnages résistent à ce déchainement de violence : le chirugien Goodsir -qui porte bien son nom !-, l'adorable lieutenant Irving et surtout Francis Crozier, le capitaine du Terror, dont l'évolution au fil du roman est particulièrement intéressante... 

Le roman est aussi un hommage au peuple Inuit, à travers le personnage de Lady Silence, la jeune Esquimaude méprisée par les marins, à l'exception notable d'Irving...

Passionnant de bout en bout, glaçant, haletant, le roman se dévore, très vite, malgré ses plus de 1000 pages.

E.

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Un roman qui nous plonge dans l'expédition maritime britannique de Sir Franklin à la recherche du fameux passage du Nord-Ouest. Une centaine d'hommes, 3 ans de disparition loin des radars et le retour des peurs ancestrales

Christelle

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A noter que la fin prend une direction différente de celle de la série. Et qu'elle est aussi moins sombre.

 
 
kobane
 
Kobane Calling par Zerocalcare
 
Envoyé par l'Internationale (le «Courrier International» italien), Zerocalcare part aux confins de la Turquie, de l'Irak et du Kurdistan Syrien pour rejoindre la ville de Kobane, à la rencontre de l'armée des femmes kurdes, en lutte contre l'avancée de l'État Islamique.  
 
Cet auteur italien a créé un réel engouement autour de sa bd. Auparavant inconnu, il l’est désormais, mondialement. Et pour cause, on a jamais aussi bien narré la complexité des rapports entre Kurdes et Turcs, entre la Syrie, l’Irak et la Turquie qu’avec ce pavé graphique. Il faut s’y atteler car dès les premières pages, on peut être désarçonné par l’humour sincère et potache, ainsi que la profusion d’informations données à chaque page.

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Une fois dans le rythme, on suit le guide et on s’identifie, forcément. Car Zerocalcare n’a rien d’un journaliste lambda, il donne de sa personne et se donne rarement le bon rôle.

Je vous recommande chaudement la lecture de ce reportage biographique aux multiples voix, y compris celle de sa conscience, qui vous donnera des clés pour comprendre ce conflit contemporain.
 
Olivier

 

EMPREINTE

L'Empreinte, Alexandria Marzano-Lesnevich

Etudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu'au jour où son chemin croise celui d'un tueur emprisonné en Louisiane, Rick Langley, dont la confession l'épouvante et ébranle toutes ses convictions. Pour elle, cela ne fait aucun doute : cet homme doit être exécuté. Bouleversée par cette réaction viscérale, Alexandria ne va pas tarder à prendre conscience de son origine en découvrant un lien tout à fait inattendu entre son passé, un secret de famille et cette terrible affaire qui réveille en elle des sentiments enfouis. Elle n'aura alors cesse d'enquêter inlassablement sur les raisons profondes qui ont conduit Langley à commettre ce crime épouvantable. Dans la lignée de séries documentaires comme Making a Murderer, ce récit au croisement du thriller, de l'autobiographie et du journalisme d'investigation, montre clairement combien la loi est quelque chose d'éminemment subjectif, la vérité étant toujours plus complexe et dérangeante que ce que l'on imagine.

Difficile de mettre des mots sur toutes les émotions ressenties durant la lecture de ce roman qui n’en est pas un : effroi, horreur, colère… Mais aussi compassion, pitié, et besoin de trouver du sens. Les thématiques abordées sont difficiles, cependant l’auteure nous décrit son cheminement ainsi que les divers évènements avec une telle fluidité, une telle sincérité aussi, qu’il est presqu’impossible de reposer ce livre avant de l’avoir terminé. Il s’agit d’une plongée dans les méandres d’une affaire criminelle, la réalité de plusieurs histoires familiales, mises en parallèle avec le propre passé d’Alexandria Marzano-Lesnevich.

Un récit complet et complexe, à ne pas mettre entre toutes les mains, et qui ne laissera aucun.e lecteur.trice indemne.

A.

Il est juste que les forts soient frappes

Il est juste que les forts soient frappés de Thibault Bérard

Lorsque Sarah rencontre Théo, c'est un choc amoureux. Elle, l'écorchée vive, la punkette qui ne s'autorisait ni le romantisme ni la légèreté, se plaisant à prédire que la Faucheuse la rappellerait avant ses 40 ans, va se laisser convaincre de son droit au bonheur par ce fou de Capra et de Fellini. Dans le tintamarre joyeux de leur jeunesse, de leurs amis et de leurs passions naît Simon. Puis, Sarah tombe enceinte d'une petite fille. Mais très vite, comme si leur bonheur avait provoqué la colère de l'univers, à l'euphorie de cette grossesse se substituent la peur et l'incertitude tandis que les médecins détectent à Sarah un cancer qui progresse à une vitesse alarmante. Chaque minute compte pour la sauver. Le couple se lance alors à corps perdu dans un long combat, refusant de sombrer dans le désespoir. Un récit d'une légèreté et d'une grâce bouleversantes, entre rire et larmes, dont on ressort empreint de gratitude devant la puissance redoutable du bonheur.

Aucun suspense : oui, elle meurt, et vous saurez presque tout dans les premières pages. Aucune originalité : la vie regorge de ce genre de drames injustes. Rien de particulier dans les personnages non plus : ils sont comme vous et moi, et ils préfèreraient une vie heureuse. Pourquoi ce livre, alors ? parce que je vous défie de ne pas pleurer à belles larmes et de plus en plus à mesure que vous avancerez vers la fin. Et parce que je vous défie aussi d'en ressortir désespérés. C'est cela le charme. Relisez bien le titre, une fois fini votre dernier mouchoir. Tout y est dit aussi...

Bérénice

ici

Ici n’est plus ici deTommy Orange

A Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d'une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d'une culture que l'Amérique a bien failli engloutir. A l'occasion d'un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l'expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux. Débordant de rage et de poésie, ce premier roman, en cours de traduction dans plus d'une vingtaine de langues, impose une nouvelle voix saisissante, véritable révélation littéraire aux États-Unis.

Voici un roman d’une grande sensibilité, où l’on rencontre un grand nombre de personnages aussi touchants les uns que les autres. Chaque chapitre met l’accent sur l’un d’entre eux, le long d’un fil rouge qu’est l’organisation d’un grand Pow-Wow à Oakland. Les liens ne sont pas évidents à faire au début, mais se tissent au fur et à mesure entre les protagonistes de l’histoire.

J’ai beaucoup appris, à la lecture de ce roman : quels ont été les traumatismes subis par les tribus amérindiennes et autochtones, leur déracinement, les addictions et la misère, le racisme dont ils sont victimes aujourd’hui, au cœur des villes d’Amérique du Nord. Mais j’y ai aussi appris ce qu’était un pow-wow, à quoi ça sert, et j’ai pu admirer la détermination de ces personnes blessées mais dignes et fières de leurs racines.

A ne pas manquer : le prologue éclairant, qui redonne quelques éléments-clés de l’histoire des Amérindiens depuis 1621.

Un roman choral passionnant, qui allie émotion et tentative d’une vie meilleure.

Audrey

 

paul

Paul à la maison, Michel Rabagliati

« Paul à la maison » est le 9e tome de la série. Cette fois-ci, l’action de déroule en 2012, Paul est auteur de bande dessinée à temps plein et lance un nouvel ouvrage au Salon du livre de Montréal. Entre-temps, sa fille part travailler en Angleterre, Lucie n’habite plus avec lui et sa mère ne va pas bien… 

Paul à la maison traite du deuil, sous de multiples formes. Un album émouvant.

paul à la maison

Peu importe que l’on ait lu ou non les 8 tomes précédents de la série québécoise « Paul » : chacun peut se savourer indépendamment des autres. Celui-ci est sans aucun doute le plus touchant de tous. Paul arrive à la cinquantaine, a vécu un mariage, la naissance de sa fille, puis une séparation. Il se prépare à accompagner sa maman vers sa fin de vie. Le passé, le présent et l’avenir se mêlent dans des cases parfaitement calibrées, en noir et blanc. Y sont abordés de nombreux sujets qui nous touchent tou.te.s de près ou de loin, et c’est un bel effet miroir, quel que soit notre âge d’ailleurs. Enfin, mention spéciale pour tous les petits détails de la vie Montréalaise en arrière-plan, qui vous permettront de voyager depuis votre sofa…

Audrey

Les entrailles de New York

Les entrailles de New-York, Julia Wertz

Ceci n'est pas un livre d'histoire. Ce n'est pas non plus un guide sur New York. Vous n'y trouverez nulle part d'informations sur ses premiers habitants, ni de dessins d'Ellis Island ou de l'Empire State Building. Certes la statue de la Liberté y fait une brève apparition, mais c'est juste pour illustrer une histoire sur les déchets. Non, il s'agit plutôt d'un recueil d'histoires uniques et souvent oubliées sur le passé de New York, accompagnées de dessins des différents quartiers, tels qu'ils furent autrefois et tels qu'ils sont aujourd'hui. Si vous vous attendiez à un guide des restaurants et des monuments de la ville, c'est franchement pas de bol. Par contre, si nous en avez marre de ce genre de bouquins et que vous avez envie d'une approche un peu moins conventionnelle de cette ville, eh bien, vous tenez ce qu'il vous faut !

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Vous aimez New-York ? Lisez cette BD.

Vous n’aimez pas New-York ? Lisez cette BD.

New… Quoi ? Lisez cette BD.

Vous l’aurez compris, j’ai eu un immense coup de cœur !

Julia Wertz, en plus d’être une dessinatrice de talent, est une excellente narratrice / historienne / exploratrice. Loin des clichés sur la ville de New-York, elle nous embarque dans un récit à la fois personnel, social et historique de la mégalopole. Vous y apprendrez comment le courrier a été expédié dans des réseau souterrains à air comprimé, pourquoi les flippers ont été prohibés, ou bien quelles devantures cachent aujourd’hui encore des bars clandestins… Je ne vais pas vous mentir : ce livre est un pavé, et peut paraître très dense pour une BD. Mais les dessins sont magnifiques, les anecdotes croustillantes, l’humour très présent, et vous passerez assurément un bon moment à vous extasier devant certains détails graphiques.

Bonus : vous aurez l’air super-cultivé lors de votre prochain apéro dînatoire !

Audrey

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Il est des hommes qui se perdront toujours, Rebecca Lighieri

L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée.

On retrouve dans ce roman les thématiques chères à Rebecca Lighieri (aka Emmanuelle Bayamack-Tam) : l’enfance malmenée, les relations familiales toxiques et maltraitantes, les faiblesses physiques et mentales, la pauvreté, les violences de toute sorte… mais aussi la force de la communauté, la débrouille, la soif de liberté, la résilience.

Dans un quartier de Marseille, des années 80 aux années 2000, on suit la famille –dysfonctionnelle- de Karel : toxicomanie, père violent, bête et cruel, mère anesthésiée et complice. La fratrie composée d’Hendricka, de Mohand et de Karel essaie de pousser tant bien que mal, fuyant la maison dès que possible et se trouvant une famille d’adoption du côté des gitans sédentarisés qui leur offrent l’amour et le goût de vivre, inexistants chez eux.

Il ne s’agit pas ici d’un petit roman léger à déguster sur la plage, certes. En revanche, c’est une magnifique plongée à la fois musicale et sociale dans le Marseille de la fin du XXème siècle. Les personnages sont attachants pour certains, et l’intrigue sert de fil rouge à une histoire qui aurait pu sembler tristement banale, mais qui s’avère moins manichéenne qu’attendu.

Audrey