avant

Avant que les ombres s’effacent, Louis-Philippe Dalembert

1939, l’État haïtien vote un décret-loi autorisant ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à tous les Juifs persécutés qui en feraient la demande. Devenu un médecin réputé et le patriarche de trois générations d'Haïtiens, le docteur Schwarzberg a tiré un trait sur son passé dont la trajectoire a été brisée par le nazisme. Mais quand Haïti est frappé par le séisme de janvier 2010 et que sa petite-cousine Deborah accourt d'Israël avec les médecins du monde entier, il accepte de revenir sur son histoire et déroule la formidable épopée qui l'a conduit, avec sa famille, de la Pologne à Port-au-Prince. Une saga familiale tumultueuse, menée par une plume vive et pleine d'humour, mêlant la tragédie et la comédie, qui nous fait vivre les mille et une péripéties traversées par la tribu Schwarzberg.

Fresque familiale et historique, ce roman nous fait voyager dans le temps et sur les continents… Je l’ai ouvert d’une moue dubitative, les lectures historiques n’étant pas mes favorites, et ne m’étant jamais intéressée à l’histoire d’Haïti non plus. Ce fut une révélation ! La langue est belle et fluide à la fois, et l’histoire de Ruben m’a tenue en haleine. Les personnages – fictifs - qui composent sa famille, croisent des personnages réels ayant contribué à la grande Histoire. De la Pologne en Haïti, en passant par l’Allemagne et la France, j’en ai appris beaucoup sur la culture haïtienne et ce que cette civilisation a fait pour les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Une excellente découverte, j’ai hâte de lire d’autres romans de Louis-Philippe Dalembert, également auteur de nouvelles et de poésie.

Audrey

endroit du paradis
 
L’endroit du paradis
Clement Rosset
 
Les philosophes parlent peu du bonheur, ou en mal. Il a mauvaise réputation. Loin des exhortations euphoriques et bisounours du développement personnel, la philosophie laisse le confort et la tiédeur du bonheur aux marchands de satisfaction matérielle voire aux vendeurs de céréales de petit déjeuner. Telle Héraclès à la croisée des routes, elle valorise plus volontiers la douloureuse prise de conscience (celle qu’il n’existe de réponse à rien, par exemple) ou l’aridité d’une pensée tortueuse (plus c’est compliqué mieux ça élève l’esprit). Le tout d’un air légèrement solennel et imbu.
 
C’est pourquoi j’ai trouvé un bol d’air salutaire à lire ce petit livre : trois méditations qui font du bien sur le moment (lecture rapide garantie) et sur le long terme (quand on a l’impression d’en être devenu légèrement plus fort, plus lumineux, plus calme). Une sensation de joie dans une langue clairement accessible.
Vous me direz, le bonheur est pérenne, et la joie éphémère. C’est tout l’art de Clément Rosset. Quand la joie atteint jusqu’à l’esprit même, elle combine les avantages des deux.
 
Bérénice
 

voyager

Voyager tome 1 : Jonctions de Stéphane Desienne

Mars 2179. L'ancienne capitaine de vaisseau, Vilma Bates, est interrogée par le Bureau des Investigations Intersolaires à propos d'une ancienne mission au commandement du Lewis&Clark, un éclaireur commercial. Lors de cette mission, elle et son équipage avaient pour objectif de retrouver les deux sondes Voyager, envoyées dans l'espace en 1977, bien avant le Reboot qui effaça toutes les données numériques terrestres. Malheureusement, le succès de leur tâche est entravé par de nombreux problèmes qui vont créer des tensions dans le vaisseau. Les vidéodisques portés par les sondes ont disparu. Qui les a enlevés ? Et pour quelle raison ? Ces interrogations les pousseront à avancer plus loin dans l'univers. L'arrivée du mystérieux professeur Meclan à bord du navire va empirer les choses. Lui et la capitaine Bates semblent partager un secret capital à propos des messages portés par les sondes. Badger, l'ingénieur plus que retors, va contester le commandement de la capitaine. Même Chip, le chimpanzé IA du vaisseau ne saura tempérer tous les caractères s'opposant au sein de l'équipage.

Facile à lire car se référant à l'aventure de sondes qui nous sont familières. L'auteur nous fait partager sa connaissance de l'espace sidéral dans un palpitant huis-clos à des années lumière de la Terre. Une première partie avalée en 48 heures et qui préfigure une suite intrigante. Captivant, on trépigne de lire la suite.

Philippe

le petit garçon

Le Petit garçon qui voulait être Mary Poppins d'Alejandro Palomas       

Guille a neuf ans et plus tard, il veut être Mary Poppins. Cela inquiète son professeur qui le confie à une conseillère d’orientation. Grâce à elle, nous accédons à l’univers magique de Gille.

Je me suis laissée embarquer, comme dans une enquête policière, dans les méandres intérieurs de cet enfant que quelque chose empêche d’être parmi les vivants.

Un roman polyphonique aux personnages attachants et au rythme haletant que je conseille aux adolescents comme aux adultes.

Johanne

bébéthèque

Sacrées sorcières adapté et illustré par Pénélope Bagieu d'après le roman de Roald Dahl

Sacrées sorcières est un roman publié en 1983. Succès éditorial -comme tous les romans écrits par Roald Dahl- il est aujourd’hui adapté en bande dessinée, avec -excusez du peu- Pénélope Bagieu au commande du scénario et des illustrations.

Une grand-mère fantasque, coeur d’artichaut mais tempérament soupe au lait, s’occupe de son petit-fils après le décès de ses parents. Solitaire, le garçon trouve du réconfort auprès de cette sacrée aïeule qui fume (et tousse) exagérément, qui a en horreur les autres “vieux croutons” et qui sait comme personne raconter d’effrayantes histoires de sorcières. Pour un peu, elles semblent être vraies ! Mais qui croit encore de nos jours que  des sorcières se cachent parmi nous, gantant de blanc leurs doigts crochus, couvrant leur calvitie d'élégantes perruques et souhaitant la mort de tous les enfants vivant sur terre ?

Les illustrations dynamiques et chaleureuses de Péneloppe Bagieu rythment cette terrifiante aventure tout en rendant perceptible l’indéfectible tendresse qui unit la grand-mère et son petit-fils.

Le résultat est jubilatoire. 

Agnès