un printemps a tcherobyl

Un printemps à Tchernobyl, d'Emmanuel Lepage

 

« … et c’est la vie qui m’a surpris. »
C’était le 26 avril 1986. Un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl entrait en fusion, provoquant une catastrophe aux conséquences dévastatrices pour l’homme et l’environnement.
En 2008, Emmanuel Lepage a participé à une résidence d’artistes dans un village à quelques kilomètres de Tchernobyl. 
Installé sur la couchette du train qui l’emmène en Ukraine, il lit les témoignages de survivants recueillis dans "la supplication" de Sveltana Alexievitch. Une mise en mots précise et poignante du drame humain.
Emmanuel Lepage dessinera inlassablement pendant deux mois les lieux et les gens de la zone interdite, s’attachant à exposer les preuves, les signes tangibles qui disent la tragédie « je cherche encore et encore à représenter l’invisible, l’impensable ».

protection tchernobyl


Cette bande dessinée dépasse le cadre formel du reportage graphique. C’est un travail personnel, évolutif, au grès des rencontres et du temps comme en témoigne la colorisation progressive des cases.  La végétation est là, splendide, en ce début de printemps, des gens vivent, des enfants jouent. La réalité sur place est de fait très différente des idées préconçues que les images de désolation et d’abandon ont laissées dans notre imaginaire comme celle de la carcasse calcinée de la centrale ou celle de cette grande roue désenchantée trônant sur la place de Pripiat.

TCHERNOBYL nucleaire copie roue de pripiat

Michale Boganim filme aussi l’attachement des habitants de Pripiat à leur terre dans "La terre outragée". 10 ans après la catastrophe, Anya et Alexeï reviennent dans la zone interdite. L’une en tant que guide-interprète pour accompagner des touristes d’un nouveau genre, l’autre pour y chercher les traces de son père porté disparu. Ils ont vécu l’évacuation comme un déracinement. Incapables de se reconstruire dans une nouvelle ville, ils hantent ces lieux dangereux, en quête de leur identité et des souvenirs de leurs proches.

J'espère que vous apprécierez ces deux œuvres que j’avais envie de vous faire partager.


Agnès





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Lonesome Dove est un patelin perdu dans le sud du Texas. Des bicoques éparpillées, un soleil de plomb, de la poussière, d’épais buissons de chipperel et d’épineux chapparals font ressembler cet endroit à no man’s land inhospitalier, où seuls le saloon et sa prostituée proposent un semblant de distraction aux cow-boys. Depuis quelques années déjà les indiens ont été exterminés et la frontière sud sécurisée des attaques mexicaines. Deux des fameux texas rangers, les capitaines Call et Augustus McCrae se sont associés pour gérer la Hat Creek Castle Company, où il est possible de louer et d’acheter quelques têtes de bétail.         Deux cochons bleus trompent leur faim en débusquant rats et serpents à sonnette dans la cour. L’ennui s’est imposé dans l’existence des deux hommes. Pendant qu’Augustus abreuve à intervalles réguliers son auditoire d’histoires et son gosier de rasades de whisky, Call éperonne la Hell Bitch pour de longues chevauchées solitaires. L’arrivée inattendue de Jake Spoon, troisième larron de la bande, sort les deux associés de leur torpeur. Ils apprennent que le Montana est un territoire encore peu habité où les plaines verdoyantes sont propices à l’élevage du bétail. Ils recrutent alors des cow-boys et organisent plusieurs raids au Mexique pour voler des vaches et des chevaux. Le convoi des 2600 têtes de bétail est prêt à partir pour le nord.

Édité en cinq tomes chez Gallmeister, Lonesome Dove est une épopée tragique qui passionnera tout lecteur, amateur ou non du genre western.

Larry McMurty va à l’encontre des idées que l’on se fait du cow-boy et de la mythique conquête de l’ouest. Ses personnages sont attachants, singuliers. L’inénarrable Gus, Call le bosseur taiseux, Jake le flambeur, l’avisé Deets, l’ingénu Newt, l’inquiétant Blue Duke ou la belle Lorena affrontent certes les périls d’un environnement hostile mais sont davantage mis en danger par leurs démons intérieurs (la vieillesse, l’alcool, le jeu, les femmes, les choix qui orientent une vie). De plus, l’auteur construit un récit calme, mélancolique qu’il agrémente parfois de dialogues savoureux et de situations cocasses (ah, la proposition de Louisa à Roscoe ou le guet- apen dans lequel ce pauvre Roscoe est prisonnier).

Larry McMurty a remporté le prix Pulitzer pour ce livre en 1985. En 1989, une adaptation télévisée a été diffusée sur CBS avec dans les rôles principaux Robert Duvall et Tommy Lee Jones. La série a été récompensée par 7 Emmy Awards.



Agnès

dix-huit-et-vingt-ans-1-clair-de-lune

Dix-huit et Vingt ans de Yohann (scénario) et Zhena (dessins)

18 ans, Donghwi est peu pressé de devenir adulte. De son côté, Yuni, malgré ses 20 ans, reste toujours une enfant... Tous deux se rencontrent alors qu'ils nourrissent, chacun de leur côté, les chats errants du quartier. Leurs têtes à têtes vont les aider tous les deux à se construire des projets pour l’avenir et peut-être même faire naître l’amour...

Un merveilleux manhwa magnifiquement illustré, très délicat et plein de sensibilité.

Elise

rosalie


Pas très amatrice de bandes dessinées, il m'arrive pourtant occasionnellement d'avoir un grand coup de cœur pour un titre en particulier et là, ce fut carrément le choc !

3 personnages en quête de tendresse et de reconnaissance se croisent au cours de ces albums émouvants et magnifiquement illustrés.

Vincent, coiffeur, célibataire, terne trentenaire est doté d'une mère castratrice – totalement déjantée – qui l'empêche de vivre et d'aimer. Lorsqu'il croise pour la première fois Rosalie Blum, il a « Une impression de déjà-vu » et il se met alors à la suivre. La filature de cette femme devient vite obsessionnelle. Intervient, dans le second tome, un nouveau personnage sous les traits d'Aude, la nièce de Rosalie. Elle traine son ennui en compagnie de ses copines et d'un « kolocataire » cocasse, bonhomme épris de cirque et aux multiples idées baroques. Vincent va devenir le 'suiveur suivi', dans un jeu de chat et de la souris. Puis dans le troisième opus, toutes ces solitudes dissemblables se rejoignent, s'accordent et se complètent.

Avec des personnages secondaires agaçants ou charmants mais souvent très drôles, des situations d'un quotidien sans saveur qui virent parfois au grand guignol et un dessin vif et riche, Camille Jourdy, l'auteur de cette trilogie nous ravit.

Véronique



PS : à noter que Camille Jourdy a obtenu le prix Shériff d'or 2009, décerné par la librairie Esprit Bd, à Clermont-Ferrand