antoine

A Port-au-Prince, Ti Tony vit dans une seule pièce qu'il partage avec son frère Franky et leur mère Antoinette. Alors que Franky aime les mots et les histoires, il se lance dans l'écriture d'un livre sur Antoine des Gommiers, cet incomparable devin que les Haïtiens portent aux nues. Mais la popularité de ce chamane n'est pas l'unique raison d'un tel projet littéraire, Antoine des Gommiers serait le grand-oncle d'Antoinette, une filiation qui change tout même si Ti Tony, lui, ne saura jamais s'emparer de la fiction pour voir la vie en bleu. Un livre magnifique, où l'amour filial transcende la misère.

Deux frères. L'un est dans le rêve, l'autre bien ancré dans la réalité. A l'image d'Haïti, confronté à la fois à la pauvreté et à l'utopie. Un peu simplificateur pour rendre compte de la force de ce roman !

vu5ou lyonel trouillot

 

mlle

Madame Aupick, à vous, je peux le dire qui me demandez qui je suis. Mais, au risque de paraître orgueilleuse, aucun lecteur des Fleurs du mal n'oubliera la Vénus noire de Charles Baudelaire, la muse immorale, damnée du plus grand des poètes maudits. Oui, c'est moi, la belle ténébreuse, cette chère indolente, qui marche en cadence, belle d'abandon, comme un serpent qui danse...

GENIAL ! Pour amateurs de Beaudelaire, ou pas, et de BD, bien-sûr !

 

Les evanescents

Il s'appelle Dos Reis, patronyme exotique, goût d'huile ou de ciment, c'est selon. Ses parents ne parlaient pas français vingt ans auparavant mais ils viennent d'intégrer la classe moyenne et peuvent s'installer dans un lotissement où l'immobilier est accessible à des gens comme eux. Encore loin des familles qui inscrivent leurs enfants aux cours de tennis du Country Club, mais suffisamment proches pour humer l'air de cette pastorale atlantique des Trente Glorieuses finissantes. Lorsqu'il atteint l'âge des premiers tags, Mickaël rêve d'inscrire son nom sur tous les murs de la ville. De faire partie de ce mouvement hip-hop où les vapeurs d'aérosol lèvent de fraîches hallucinations. Et puis un jour, il change de rivage.

Un premier roman qui se situe entre l'adolescence et l'âge adulte, qui ausculte avec minutie les sentiments, les rêves et les désillusions qui vont avec. L'auteur retranscrit à merveille l'étau que représente la détermination sociale, et pousse la logique de l'impuissance jusqu'au bout : puisque je ne peux, autant ne pas être. L'issue est sombre mais le chemin est beau.

Olivier

La playlist qui va avec

orme

Chacune des nouvelles de ce recueil retrace une tranche de vie. Avec délicatesse, et par petites touches, Jirô Taniguchi campe des portraits de jeunes, de vieux, d’enfants à un moment difficile de leur existence. Comme la petite Hiromi, confiée provisoirement par sa maman à ses grands-parents, qui est terrorisée à l’idée d’être abandonnée. Ou comme M. Harada qui ne se résout pas à faire couper cet orme si beau et aux couleurs si subtiles, au simple prétexte qu’en automne, ses feuilles tombent dans la cour des voisins...

L Orme du Caucase

Encore un superbe omnibus par l'un des maîtres des mangas. Je découvre cette collaboration avec Utsumi que je ne connaissais pas. Récit touchant.

Christine

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Dans la lignée de Les Vertus de l'échec et La Confiance en soi, un nouvel essai de philosophie pratique, où Charles Pépin montre que toute vraie rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde. Pourquoi certaines rencontres nous donnent-elles l'impression de renaître ?? Comment se rendre disponibles à celles qui vont intensifier nos vies, nous révéler à nous-mêmes ?? La rencontre - amoureuse, amicale, professionnelle - n'est pas un " plus " dans nos vies. Au coeur de notre existence, dont l'étymologie latine ex-sistere signifie " sortir de soi ", il y a ce mouvement vers l'extérieur, ce besoin d'aller vers les autres. Cette aventure de la rencontre n'est pas sans risque, mais elle a le goût de la " vraie vie ". De Platon à Christian Bobin en passant par Belle du Seigneur d'Albert Cohen ou Sur la route de Madison de Clint Eastwood, Charles Pépin convoque philosophes, romanciers et cinéastes pour nous révéler la puissance, la grâce de la rencontre. En analysant quelques amours ou amitiés fertiles -? Picasso et Eluard, David Bowie et Lou Reed, Voltaire et Emilie du Châtelet... ? - il montre que toute vraie rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde. 

J'ai lu "La Rencontre" de Charles Pépin après avoir écouté les deux entretiens qu'il a accordé à Céline Bitelet dans son podcast "Fais moi signe". En ces temps de repli sur soi, la lecture de cet essai philosophique nous met le pied à l'étrier pour de nouvelles rencontres.

Serge

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Quand Mae Holland est embauchée par le Cercle, elle n'en revient pas. Installé sur un campus californien, ce fournisseur d'accès Internet relie les mails personnels, les réseaux sociaux, les achats des consommateurs et les transactions bancaires à un système d'exploitation universel, à l'origine d'une nouvelle ère hyper-numérique, prônant la civilité et la transparence. Alors que la jeune femme parcourt les open-spaces, les immenses cafétérias en verre, les dortoirs confortables pour ceux qui restent travailler le soir, la modernité des lieux et l'intense activité la ravissent. On fait la fête toute la nuit, des musiciens célèbres jouent sur la pelouse, des activités sportives, des clubs et des brunchs sont proposés, et il y a même un aquarium contenant des poissons rares rapportés par le P. -D. G. Mae n'en croit pas sa chance de travailler pour l'entreprise la plus influente qui soit - même si le campus l'absorbe entièrement, l'éloignant de plus en plus de ses proches, même si elle s'expose aux yeux du monde en participant au dernier projet du Cercle, d'une avancée technologique aussi considérable qu'inquiétante. Ce qui ressemble d'abord au portrait d'une femme ambitieuse et idéaliste devient rapidement un roman au suspense haletant, qui étudie les liens troubles entre mémoire et histoire, vie privée et addiction aux réseaux sociaux, et interroge les limites de la connaissance humaine.

A la croisée du "1984" de Orwell et du terrible "La mort est mon métier" de Merle, voici une ode entraînante et aigre douce à nos nouvelles utopies. A titre personnel j'ai été terrifiée. Je crois que dans quelques jours j'arriverai peut-être à retourner sur les réseaux sociaux sans y penser, mais c'est pas sûr.Dans ce livre très proche de notre quotidien et des aspirations de notre temps à l'immédiateté et au partage, la candeur des intentions n'a d'égale que la force de l'intelligence collective : et tout est réuni pour la fabrique d'un nouveau cauchemar social. Le fascisme serait-il toujours ailleurs que là où on l'attend ?

Le roman a été adapté en 2017 avec Emma Watson, John Boyega et Tom Hanks :

Bérénice

gang vieux

Un jeune à capuche a arraché le sac de cette brave Rose-Aimée! Papi Ferraille le sait, il a tout vu. Alors avec Gisèle, une ex-coiffeuse au look improbable, et Victor, le vieux rebelle qui détourne les affiches publicitaires, ils unissent leurs solitudes pour former un gang étrange et redoutable.

Un super livre avec beaucoup d'humour et bien écrit !

Céline

et si on écoutait

Même en ville, il est possible de se relier à la nature, de comprendre ce qu'elle nous dit et de bénéficier de ses indéniables pouvoirs. Dans les jardins, les parcs publics, les rues et les transports, la nature est partout. A l'aide d'anecdotes et de découvertes naturalistes, Laurent Tillon nous montre ici que l'intelligence écologique existe. Il nous rend attentifs aux plantes, aux arbres et aux fleurs, aux animaux, insectes ou oiseaux, et même au vent qui conditionne les migrations. Après tout, écouter la nature, n'est-ce pas aussi-une manière de réapprendre a écouter l'autre ?

Un régal à lire. Permet de prendre conscience de la richesse de la nature, de son incroyable ingéniosité et en même temps de sa fragilité et donc de la préserver.

Mickael