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Colson Whitehead, romancier américain est l’un des rares écrivains à avoir remporté deux fois le Prix Pulitzer pour des fictions : en 2017 pour Underground Railroad et en 2020 pour Nickel Boys.
Deux grands romans bouleversants basés sur des faits historiques qui racontent et dénoncent les conditions inhumaines de vie – de survie – des afro-américains.
Le premier, Underground Railroad décrit la fuite de Cora, 16 ans, esclave sur une plantation de coton en Géorgie, à travers les Etats du Sud dans les années 1850.
Entre la guerre d'indépendance, la guerre de Sécession, de la Caroline du Sud à l'Indiana, elle utilise le réseau clandestin d’aide aux esclaves fugitifs pour conquérir sa liberté. Ce réseau a réellement existé et sauvé nombre d’hommes et de femmes réduits en esclavage. Cora survit à toute les humiliations et les violences en gardant l’espoir d’un avenir sans servitude. Elle rencontre des individus engagés au risque de leur vie pour secourir leur prochain, d’autres qui trahissent par « conviction » ou cruauté et elle découvre que - quelle que soit leur couleur de peau - il existe des êtres bons et d’autres fourbes.
Le second, Nickel Boys se déroule essentiellement à la ‘Dozier School’ une maison de correction pour jeunes détenus mineurs, en Floride, en 1960. C’est le plus grand centre de rééducation des États-Unis, et il est particulièrement célèbre pour les mauvais traitements infligés à ceux qui y ont séjourné, spécialement s'ils n’étaient pas blancs.
Elwood Curtus, afro-américain, est le personnage central de cette terrible histoire. Il est victime de malchance et de sa couleur de peau et se retrouve enfermé à la Dozier School alors que son avenir semblait prometteur. Là, les enseignants, le personnel administratif comme les élus, utilisent les garçons prisonniers à des fins commerciales ou pour défouler toutes leurs pulsions de violence voire de sadisme. En 2010, une équipe d’étudiants en archéologie a effectivement mis à jour le cimetière clandestin de cette école et c’est à partir de cette découverte que l’on a pu prendre la mesure des horreurs qui s’y étaient produites en toute impunité.
Ces deux ouvrages m’ont impressionnée et totalement embarquée, non seulement par les histoires qu’ils racontent mais aussi par la façon dont la narration se construit et par les émotions qu’elle suscite.
Malgré la violence de leur condition, les préjugés imbéciles dont ils sont victimes et l’accumulation de situations inextricables, Cora et Elwood sont des héros magnifiques. Ils restent pleins d’espoir, de confiance et d’humanité même si leurs bourreaux en manquent totalement. Car l’amour et/ou l’amitié sont des sources de réconfort et stimulent leur courage de façon admirable.
Mêlant présent et passé, s’attachant à deux périodes historiques différentes mais où la douleur et l’injustice se rejoignent, la voix de l’auteur est en retrait, comme pour laisser toute la place aux sans-voix qu’il défend.
Véronique
Pour aller plus loin, la série télé adaptée du roman Underground Railroad