ueurs
Dans la tête d'une enfant sous l'emprise d'un pédophile: un roman vertigineux et cru, porté par le talent magistral de Claire Castillon.
« Tu es fermée comme une outre, me dit maman. Toute floue, Lili. Et puis fuyante. Il se passe quelque chose, dis-moi. On t'a fait un sale coup ? Je peux t'aider ? Je te dépose au collège ? » Outre noire. Peinture. Soulages. Cours d'art plastique avec Mme Peynat en salle 2B. Concentre-toi, Lili. Trouve la solution. Il y a toujours une voie de réchappe. Les mamans savent, à peu près. D'instinct, elles devinent. À peu près. La mienne sait que dans sa fille quelque chose ne marche plus.
 
Claire Castillon avec une pudeur et une délicatesse extrême nous raconte l'indicible.
Ce roman est émotionnellement intense et nous met à la place de l'enfant qui subit.
Je ne peux que le conseiller, et le re-conseiller, car c'est une lecture essentielle.
 
L.
 
 

tous ceux

Fin août 1572. A Paris, des notaires dressent des inventaires après décès, enregistrent des actes, règlent des héritages. Avec minutie, ils transcrivent l'ordinaire des vies au milieu d'une colossale hécatombe. Mais ils livrent aussi des noms, des adresses, des liens. Puisant dans ces archives notariales, Jérémie Foa tisse une micro-histoire de la Saint-Barthélemy soucieuse de nommer les anonymes, les obscurs jetés au fleuve ou mêlés à la fosse, à jamais engloutis. Pour élucider des crimes dont on ignorait jusqu'à l'existence, il abandonne les palais pour les pavés, exhumant les indices d'un massacre de proximité, commis par des voisins sur leurs voisins. Car à descendre dans la rue, on croise ceux qui ont du sang sur les mains, on observe le savoir-faire de la poignée d'hommes responsables de la plupart des meurtres. Sans avoir été prémédité, le massacre était préparé de longue date - les assassins n'ont pas surgi tout armés dans la folie d'un soir d'été. Au fil de vingt-cinq enquêtes haletantes, l'historien retrouve les victimes et les tueurs, simples passants ou ardents massacreurs, dans leur humaine trivialité : épingliers, menuisiers, rôtisseurs de la Vallée de Misère, tanneurs d'Aubusson et taverniers de Maubert, vies minuscules emportées par l'événement.

Cet essai historique est une vraie pépite ! L'auteur tire des archives les visages et les vies d'une vingtaine de protestants parisiens. Ils furent massacrés par milliers fin août 1572 et les corps jetés dans la Seine. Qui sont ces malheureux ? Qui sont leurs bourreaux ? Pourquoi un massacre d'une telle ampleur ? Ce livre se lit comme un roman, fluide tout en conservant toujours une rigueur historique.

Christelle

notre qq part

Yao Poku raconte l'histoire d'une jeune femme qui, de passage, poursuit un bel oiseau jusque dans la case de Kofi. Ce qu'elle y découvre entraîne l'arrivée de la police criminelle d'Accra, puis celle du médecin légiste. Ce dernier, récemment rentré d'Angleterre, se met à l'écoute d'Oduro, le féticheur du village.

Laissez-vous entrainer en Afrique, au Ghana. Immergez vous au coeur d'un village de brousse peuplé de truculents personnages. Perdez-vous dans sa langue et sa culture. Tentez de suivre le tourbillon de l'intrigue policière. Accompanez ce jeune médecin légiste fraichement diplomé. Un véritable voyage, un total dépaysement, la découverte du Ghana d'aujourd'hui. Une vraie reflexion sur le tressage des cultures. Et puis de l'humour et de la fantaisie.

Les premières pages du livre, lues par l'auteur (texte en français, lecture en anglais) :

Martine

neand

Néandertal, qui a foulé notre sol il y a 350 000 ans, a longtemps été considéré comme un être fruste et brutal à l'allure d'un singe. Aujourd'hui les indices se multiplient suggérant que les Néandertaliens pratiquaient à peu près toutes les activités que l'on pensait l'apanage d'Homo sapiens. Ils étaient de grands chasseurs et d'habiles artisans et avaient des pensées métaphysiques, puisqu'ils enterraient leurs morts. Pour Marylène Patou-Mathis, Néandertal est victime d'un délit de sale gueule. Il se retrouve tout en bas de l'échelle, alors que Cro-Magnon est au sommet. La classification est importante en science. Mais en revanche, à quoi bon hiérarchiser ? Ça n'a ni sens ni intérêt. L'auteure aime faire le lien entre ses recherches et le présent. Elle cherche a comprendre pourquoi Néandertal a disparu et pourquoi il avait été si important de le dépeindre en inférieur. En préhistoire comme dans d'autres domaines, déconstruire les mythes

Cette collection - Les petites conférences- est vraiment bien faite. Si, par exemple, vou svoulez faire un rapide tour d'horizon des découvertes récentes (et assez folles), liées à l'homme de néandertal, prenez quelques minutes pour lire ce livre : vous saurez presque tout !

Marylène Patou-Mathis : Néandertal a longtemps été le parent pauvre, un peu singe, un peu inférieur :

Olivier

 

gallmeister

Dans l’État brumeux de Washington, Isaac traverse seul le deuil de son fils adolescent, Daniel, assassiné par son meilleur ami Jonah. Ce dernier se suicide et le monde de sa mère Lorrie s’effondre à son tour. Il n’y a aucune explication à ce drame. Isaac et Lorrie, autrefois amis, s’évitent telles des ombres séparées par leurs pertes incommensurables. Jusqu’à l’apparition soudaine d’une sans-abri de seize ans, enceinte. Recueillie par Isaac, accompagnée par Lorrie, Evangeline devient un rai de lumière dans leur vie. Mais une révélation éclate : la jeune fille avait croisé le chemin des garçons la semaine du meurtre. Tous trois devront confronter leurs souvenirs douloureux. Car comprendre le passé est leur seule chance de pouvoir se tourner vers l’avenir.

Peu de grands espaces dans ce roman, mais une immense palette d’émotions et de situations. Il serait aisé de verser dans le manichéisme, avec une histoire comme celle-ci… Et pourtant, c’est tout l’inverse qui se produit. Un récit d’une grande délicatesse, fait de rencontres, de pertes, de deuils. D’abandon, d’amour, de haine. De petites victoires. Un subtil suspense, aussi. Et une bonne grosse dose de tout ce qui fait l’humanité, de son pire à son meilleur.

Audrey

piments

"Les enfants de la Creuse" sont ces jeunes Réunionnais déportés par les autorités françaises entre 1962 et 1984 pour repeupler les départements victimes de l'exode rural. Ils furent 2150, sous la houlette de l'ASE et celle, politique, de Michel Debré, alors député de la Réunion.

Dans "Piments zoizos", Jean n'échappe pas à ce destin. Éloigné de sa petite sœur, il est transplanté en Creuse. De foyers en familles d'accueil, il fait la rencontre d'autres enfants réunionnais dans la même situation que lui. Une vie durant, entre errances et recherches, il tentera de comprendre pourquoi...

La BD de Tehem est magnifique, alternant les passages du passé et ceux plus contemporains, étalant son histoire sur plus de quarante ans d'errance du personnage de Jean, assez représentatif de nombreux enfants placés. La lecture est très fluide, l'auteur utilisant la couleur pour suggérer les époques et les points de vue : à part Jean, l'autre personnage clé est un employé de la préfecture de La Réunion, témoin de l'époque et finalement seul "allié" du garçon. La force de l'oeuvre est de raconter un destin particulier mais en soulevant également dans son sillage tous ceux des autres enfants. Les incursions à l'intérieur du récit de "La Gazette de l'île de La Réunion" permettent d'apporter au lecteur des informations essentielles sur les opérateurs de l'époque et sur le contexte. La BD rend également bien compte de la forme "d'utopie dangereuse" (expression utilisée par une responsable du ministère des Affaires Sociales au début des années 1970) mené par le gouvernement de l'époque, et montre à quel point l'ASE est loin d'être exemplaire en matière de protection de l'enfance, encore aujourd'hui d'ailleurs...

Pour aller plus loin :

Un podcat en 6 épisodes par Sarah Videuil, journaliste :

enfant deracinee

Blackwater 1 La Crue L epique saga de la famille Caskey

Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l'Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l'implacable crue de la rivière Blackwater. Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s'apprêtent à se relever... mais c'est sans compter l'arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d'une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey...

Phénomène éditorial dont Monsieur Toussaint Louverture a le secret, cette saga a tout pour vous séduire. Très bien écrite et facile à lire, mais pas seulement. Elle raconte surtout l'histoire d'une famille du sud des Etats-Unis, avec une attention particulière portée aux personnages féminins, en nous plongeant dans leurs vies, leurs pensées, leurs actions et leurs conséquences. C'est tout l'art des auteurs américains, ces longs fleuves de vie que l'on suit volontiers, alors qu'ils n'avaient rien pour nous attirer à la base. Certes, on comprend pourquoi Stephen King aimait beaucoup Michael Mc Dowell, les quelques scènes horrifiques parsemant les livres étant particulièrement bien écrites. Mais je ne dirai pas qu'il s'agit d'une oeuvre horrifique ou même fantastique. Les scènes surnaturelles sont avant tout là pour exacerber le réel. Je n'en dis pas + car beaucoup a déjà été dit un peu partout sur le web, mais ne passez pas à côté. Ce serait dommage de ne pas se faire plaisir, non ?

Olivier

ici

Ici raconte l'histoire d'un lieu, vu d'un même angle, et celle des êtres qui l'ont habité à travers les siècles. Dans cet espace délimité, les existences se croisent, s'entrechoquent et se font étrangement écho, avant d'être précipitées dans l'oubli. Richard McGuire propose ainsi une expérience sensorielle inédite, puissante et presque magique du temps qui passe.

Quand on croise la route d'un OVNI comme cette BD, on ne peut pas rester indifférent. Comme le chiffre Pi, tout est réuni dans cette BD: illustration, peinture, photographie, histoire et Histoire, amour, humour... Une petite merveille à côté de laquelle il ne faut surtout pas passer.

Lucie